Etre un.e sans-papiers, c’est par définition (et pour survivre) être invisible. Ne pas exister pour l’administration, trouver des revenus comme on le peut, sans aucune protection physique ou sociale. Etre sans-papier c’est aussi être ignoré.e en temps de prospérité et laissé.e à son sort, instrumentalisé.e lorsque les temps se font plus difficiles et qu’il faut quelqu’un à blâmer. En Région Bruxelloise, on estime à 100.000 le nombre de personnes concernées. Nous, écologistes, n’avons pas attendu le coronavirus pour demander leur régularisation. Mais aujourd’hui, c’est une nécessité sanitaire et de survie, pour eux comme pour l’ensemble des habitant.e.s de notre région.

D’autres pays européens, comme l’Italie ou le Portugal ont décidé de régulariser temporairement les personnes sans-papiers présentes sur leur territoire afin de les protéger – ainsi que l’ensemble de la population – du virus. Pour nous ces mesures ne suffisent pas : la régularisation doit être permanente, sur base de critères clairs, connus, individuels et objectifs, et motivée par la justice et l’égalité.

En effet, faire semblant – au moins légalement – que ces êtres humains n’existent pas, c’est permettre à notre machine économique de continuer à les exploiter et fermer les yeux sur les souffrances dans lesquelles cette absence de prise en compte les plongent. C’est le cas par exemple des travailleur.ses sans papiers du secteur de la construction qui se retrouvent sans recours et sans possibilité de porter plainte en cas d’abus, de harcèlement ou de non respect des mesures de sécurité dans le champ de leur employeur.se.

Les sans-papiers participent en tout temps à la richesse d’une société. Non seulement ils et elles consomment et font tourner nos commerces, mais ils et elles nettoient, construisent, cousent, prennent soin,… Leur refuser la reconnaissance et la protection est l’une des plus grandes hypocrisies de notre système. Plus encore que d’ordinaire et pour sortir de cette pandémie, nous aurons besoin de toutes les énergies présentes sur notre territoire. Donnons leur la possibilité de contribuer davantage, en leur reconnaissant leurs droits.

Enfin, si la croyance en ce que chacun.e mérite une vie digne et non-diminuée par la peur, la faim, le sans-abrisme, l’exposition à l’exploitation sexuelle, le travail forcé ne suffit pas au consensus politique, soyons au moins pragmatiques. Tant que les sans-papiers vivront sous les radars, c’est-à-dire dans la précarité et tout ce que cela implique en termes de promiscuité et d’insécurité, ils et elles n’auront pas accès aux soins de santé ni au testing. C’est autant d’infecté.e.s et porteur.ses potentiel.le.s du COVID-19. C’est autant de vies perdues et de risques pour la collectivité.

Soyons justes et décents, régularisons sans attendre les personnes vulnérables.