Il y a quelques jours était inauguré le Couture truck saint-gillois, une idée a priori sympa et originale de notre échevin de l’Emploi, Thierry Van Campenhout, abondamment relayée par la presse régionale. Cet atelier couture mobile, projet d’économie sociale, est censé former et créer de l’emploi. Sauf que… en termes d’emploi, un seul poste est véritablement au rendez-vous, c’est celui de la couturière encadrante, les deux autres couturières sont sous contrat « article 60 »1, et encore, il n’y en a qu’une pour le moment. On a donc un projet d’insertion socioprofessionnelle qui génère un emploi temps plein et un turn over d’ « article 60 », le tout pour la bagatelle de 270.000 € répartis sur trois ans, couvrant les salaires, l’achat du camion, son aménagement, la com’ importante et le matériel de couture. Ces subsides sont octroyés dans le cadre du volet insertion socioprofessionnelle du contrat de quartier Parvis-Morichar. Reconnaissons que cela fait un peu cher l’emploi créé ! D’autant qu’aucune étude d’impact sur la quinzaine de couturiers saint-gillois existants n’a été effectuée et qu’il n’est pas absurde de penser que le Couture truck entre en concurrence directe avec ceux-ci.

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Un camion ouvert à tous les vents

Si on peut s’interroger sur le coût-résultat en matière d’insertion d’un tel projet financé dans le cadre du contrat de quartier, il est un autre volet qui pose question, c’est celui des conditions de travail de ces couturières. Le Couture truck, installé 5 jours par semaine sur le marché actuellement situé Carré Moscou, est en effet ouvert à tous les vents. Le chauffage est clairement insuffisant, poussant les couturières, au vu des conditions météo, à devoir fermer la camionnette et les clients à passer par la porte de derrière. Le travail de couture étant par essence immobile, elles sont donc assises pendant plusieurs heures derrière leur machine à coudre avec les doigts gelés, des sièges pas adaptés à la table de travail et un éclairage insuffisant. Sans compter qu’aucune des couturières n’est en capacité de conduire le camion, et que c’est donc la débrouille pour amener le camion chaque jour au marché.

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Interrogé par le groupe Ecolo-Groen sur ce projet lors du dernier conseil communal, les réponses de l’échevin ne furent guère convaincantes. La commune devra démontrer dans les prochaines semaines que le Couture truck saint-gillois est autre chose qu’un grand projet de com’ financé sur les deniers du contrat de quartier. Il conviendra en outre de garantir des conditions de travail acceptables pour les couturières. Nous y veillerons.

1. L’ « article 60 » est un article de la loi organique des CPAS qui permet de mettre à l’emploi les bénéficiaires, soit en interne, soit en les mettant à la disposition d’autres services publics, d’asbl ou d’entreprises, durant le temps nécessaire pour avoir droit aux allocations de chômage.