Les communes de Saint-Gilles et Bruxelles-Ville viennent de remettre un avis critique sur le permis d’urbanisme demandé par la STIB pour le projet de station métro Constitution-Toots et fixent un certain nombre de conditions. C’est que l’impact de ce chantier sur le territoire de la commune de Saint-Gilles est loin d’être anecdotique vu son ampleur tant en termes d’emprise sur les espaces publics que de temps d’exécution des travaux. Un impact aussi sur l’ensemble des activités économiques dans et à proximité du chantier : un marché du Midi déplacé avec plus de 70 maraîchers à qui on va devoir signifier un préavis, le boulevard Jamar en travaux (tranchées ouvertes sur toute sa longueur et le long des façades) pendant plus de trois ans avec des conséquences importantes en termes d’accès non seulement pour les riverains mais également économiques pour les nombreux commerçants, bureaux et l’horeca, sans compter la polyclinique qui s’y trouve.

De manière plus générale, concernant le projet, outre un budget qui a triplé (2 milliards) et 10 ans de retard sur le calendrier initial (on en est aujourd’hui à un métro annoncé pour 2030), les critiques portent sur :

  • La dégradation de la desserte et plus particulièrement des liaisons de Laeken vers le centre et le Sud avec la scission de la ligne 51 et le terminus de la ligne 3 à la Gare du Nord.
  • La suppression également de toute liaison directe entre le Centre et Uccle avec l’imposition d’une correspondance peu confortable à Albert qu’utilisent de nombreux usagers saint-gillois
  • Pas de réelle diminution de l’emprise automobile (on parle de moins d’1%)
  • Le faible report modal du projet signalé dans l’étude d’incidence sur le Métro Nord dont fait partie le chantier Constitution.
  • Le saucissonnage du dossier qui ne prend pas en compte les incertitudes grandissantes quant à la réalisation du métro Nord (calendrier, financement).
  • L’absence d’étude sérieuse d’alternatives basées sur le tram alors que des experts académiques ont formulé des propositions argumentées (Strale et Dobruszkes)
  • La menace sur le maintien des habitants actuels de ce quartier populaire, l’étude d’incidence mentionnant une probable hausse des prix de l’immobilier dans le secteur concerné à l’issue des travaux.

Concernant le chantier, les critiques portent sur

  • L’absence de bilan carbone alors que le charroi nécessaire à l’évacuation des déchets et terres sera d’ampleur
  • L’interruption de la liaison Nord-Midi pendant 3 mois avec absence de desserte de la gare du Midi.
  • La menace évidente sur la pérennité des commerces et sur le maintien des habitants actuels (bd Jamar et Stalingrad), étant donnée l’ampleur et la durée du chantier mais également la suppression d’espaces en sous-sol nécessaires à l’exploitation de certains commerces.
  • Les perturbations et report de la circulation automobiles pendant plusieurs années.
  • Les risques pour la stabilité du Palais du Midi, édifice particulièrement sensible à d’éventuelles déformations, sa protection de part et d’autre du tunnel n’étant pas assurée au même niveau que les parties en zone de chantier.