Action sociale: tous les leviers au service de la solidarité

Programme communal 2018

Quelques chiffres :

À Saint-Gilles, le pourcentage de la population d’âge actif (18-64 ans) qui vit avec une allocation de chômage est de 15 % et la part de la population de cet âge qui vit avec un revenu d’intégration sociale (ou équivalent) est de 7 %[1]. Si on y ajoute les aides aux personnes disposant de revenus faibles, on peut considérer qu’environ 10% de la population saint-gilloise est concernée par le CPAS. Quant à la dotation communale au CPAS pour 2018, elle s’élève à 17394000 €.

Les règles générales encadrant l’octroi des allocations de chômage et des allocations sociales dépendent du gouvernement fédéral. Le financement des CPAS et des politiques de cohésion sociale dépend largement des régions. La commune et le CPAS ont cependant de nombreux leviers permettant de construire des solidarités et de soutenir l’émancipation des personnes précarisées.

Si le CPAS de Saint-Gilles n’a pas vu son nombre d’usagers exploser comme celui de certains CPAS du Nord de la Région bruxelloise, son action reste difficile et complexe. Les raisons en sont qu’historiquement notre commune figure parmi les plus pauvres de Belgique et que la présence de la gare du Midi sur son territoire lui confère le statut de lieu d’arrivée des routes migratoires.

Sans compter que les récentes réformes impulsées par le fédéral portent une profonde atteinte à la qualité du travail social du CPAS. La contractualisation de l’aide a pour objectif à peine voilé d’exclure des hommes et des femmes de ce droit. La levée partielle du secret professionnel détériore le cadre du travail social et pousse l’institution à endosser un rôle de contrôle, plutôt que de soutien et d’accompagnement. L’effet sur les personnes les plus vulnérables est une exclusion hors du système et une existence à la merci de toutes les exploitations et de tous les périls.

Il est donc essentiel de poursuivre le travail pour mieux répondre aux demandes d’aides sociales et de dégager les moyens humains et financiers pour lutter énergiquement contre l’exclusion et la pauvreté, en visant bien sûr une amélioration de la situation financière et l’accès à l’emploi, mais aussi plus globalement la qualité de vie et une place à part entière pour chacun et chacune dans la collectivité.

Nos propositions

Améliorer l’accueil et l’information au service des usagers du CPAS

  • Disposer d’un Conseil de l’action sociale avec un fonctionnement transparent et professionnel. La méthode de prise de décision est explicitée au bénéficiaire. Les aides sociales sont attribuées selon des critères clairs. Les travailleur·euse·ssociaux·ales resteront attentifs au respect de la vie privée des bénéficiaires. Il faut refuser la logique de sanctions liées au PIIS.

  • Simplifier les démarches administratives (et éviter les travers intrusifs contraires au travail social) :
    • Informatiser le système de carte médicale et d’aide médicale urgente.
    • Utiliser des codes couleurs pour informer les usagers des décisions qui les concernent.
    • Rendre accessibles certains documents administratifs sur le site internet.
  • Poursuivre l’amélioration de l’accessibilité des espaces d’accueil pour les personnes à mobilité réduite.
  • Améliorer la communication et à l’instar d’autres CPAS tels que Gand notamment, produire un document simple et exhaustif, un guide de l’usager·ère, sur l’ensemble des aides que le CPAS de Saint-Gilles est en mesure de délivrer.
  • Développer le site internet pour en faire un véritable outil interactif de communication avec les citoyen·ne·s et les partenaires du CPAS.
  • Favoriser la participation sociale, sportive et culturelledes usager·ère·s via un travail social communautaire.
  • Une attention particulière sera accordée aux parents seuls avec enfants afin de les informer et de les aider à introduire leur dossier auprès du SECAL en cas de non-paiement des créances alimentaires pour les enfants de la part de leur ex-partenaire.

 

Agir en faveur de l’emploi

  • Renforcer le nombre d’emplois d’insertion dans le cadre de l’article 607 (tout en sachant qu’il ne s’agit pas d’une formule magique, ce statut ne permet que de recouvrer son droit au chômage), plus spécifiquement dans le secteur de l’économie sociale, et développer la politique de formation des personnes engagées dans ce cadre.
  • Poursuivre les partenariats, entre autres avec la Mission Locale, l’antenne d’Actiris et la Maison de l’emploi.
  • Articuler les démarches d’insertion professionnelle et l’accès à la crèche en vue de favoriser l’insertion sociale et professionnelle des parents, en particulier des femmes seules avec enfant(s).
  • Veiller à soutenir les chômeur·euse·ssanctionné·e·s et exclu·e·s pour les aider à retrouver un emploi de qualité.
  • Continuer à interpeller l’autorité fédérale sur l’inadéquation du système de «chasse aux chômeurs·euse·s» qui n’est que le reflet d’une volonté de transférer le coût du chômage vers les budgets locaux des CPAS.
  • Organiser une «rencontre des droits sociaux» qui mettra en contact les citoyens et les différents acteurs concernés afin de lutter contre le «non-recours aux droits sociaux».

 

Lutter contre les inégalités en matière de santé

  • Toute demande de revenu d’intégration (RI) doit s’accompagner d’une carte médicale (accès aux soins + médicaments via un système de convention avec les prestataires de soins et pharmaciens). La couverture de l’intégralité des soins et des médicaments (liste préétablie) doit s’étendre à tous les membres des ménages qui ont des ressources inférieures à 1,5 fois le RI (chômeur·euse·s + exclu·e·s, pensionné·e·s, travailleur·se·s pauvres, indépendant·e·s) en ordre de séjour, aide médicale urgente (AMU) pour les autres.
  • Mettre sur pied un comité d’accompagnement de la politique de la santé, composé de médecins, de pharmacien·ne·s et de professionnel·le·s de la santé.
  • Mettre sur pied un comité de patient·e·s dont l’objectif sera d’évaluer et de faire des propositions autour de la politique de santé du CPAS.
  • Mener des campagnes de prévention contre le VIH/SIDA, le diabète, …
  • Collaborer avec l’Observatoire de la santé pour disposer d’un outil d’analyse permettant d’orienter la politique du CPAS.

 

Assurer le droit au logement

  • Continuer à prévenir la perte du logement par la médiation des différends locatifs.
  • Poursuivre la lutte contre les logements insalubres.
  • Augmenter l’offre de logements en collaboration avec la Commune et le Foyer du Sud, les dispositifs de Droit de Gestion publique et contribuer à la lutte pour le droit au logement.
  • Développer des relations de confiance avec les bailleurs pour combattre la discrimination au logement.
  • Soutenir les projets d’épargne solidaire permettant d’accéder à la propriété.
  • Favoriser le logement intergénérationnel en permettant aux aîné·e·s d’accueillir des étudiant·e·s.

 

Organiser la Coordination Sociale de Saint-Gilles

  • Garantir les moyens d’organiser le dialogue et la collaboration entre les acteurs associatifs locaux et régionaux.
  • Réunir les travailleur·euse·s sociaux·ales du CPAS, du tissu associatif et des services communaux afin d’enrichir le diagnostic des besoins des Saint-Gillois et de coordonner les actions de chacun.

 

Favoriser le maintien à domicile des aîné·e·s

  • Renforcer l’information sur les services offerts par le CPAS et ses partenaires.
  • Développer le transport accompagné accessible à tous.
  • Créer des logements adaptés pour personnes âgées de type Résidence–Service, logements intergénérationnels et habitats solidaires pour leur permettre de vivre de manière autonome et sans souffrir de la solitude.

 

Accompagner les sorties de prison

  • Collaborer avec les services d’aide aux justiciables afin d’assurer le mieux possible la sortie de prison de détenu·e·s (aide au logement, accès aux soins, accès aux droits, …).

 

Lutter contre la précarité en consommant autrement

  • Prévenir le surendettement en partenariat avec l’école des consommateurs et le Centre d’Appui régional.
  • Étendre les ateliers de gestion budgétaire.

 

Soutenir les jeunes

  • Soutenir les études et la formation des jeunes.
  • Favoriser l’émancipation via l’accès à des activités sportives et culturelles.
  • Continuer à développer une médiation familiale.
  • Renforcer les collaborations avec le secteur de l’aide à la jeunesse.
  • Favoriser les rencontres intergénérationnelles comme lieux de transmission des connaissances pour renforcer le lien social.
  • Renforcer l’accès au logement pour les jeunes par la mise sur pied de logement intergénérationnel chez des personnes âgées.

 

Accompagner les familles

  • Accorder une attention particulière aux familles monoparentales.
  • Permettre aux enfants de se développer dans des activités scolaires et parascolaires.
  • Collaborer avec l’ONE.
  • Soutenir la parentalité par la mise sur pied de groupes de parole.

 

Accompagner les ménages dans la réduction du coût de l’énergie

  • Prévenir la surconsommation d’énergie grâce à un «scan» énergétique des logements.
  • Continuer à sensibiliser les usager·ère·s à l’Utilisation Rationnelle de l’Énergie via Eco&Co.
  • Proposer des «petites mesures pour réduire sa facture» (Eco&Co).
  • Offrir une médiation entre propriétaires et locataires en vue de travaux ou d’aménagements pour une réduction de la facture énergétique du ménage.
  • Proposer des aides pour l’acquisition d’électroménager à moindre consommation énergétique.

 

Favoriser le développement durable

  • Mettre sur pied un plan de déplacement du personnel du domicile au lieu de travail et favoriser la mobilité douce.
  • Favoriser les économies d’énergie des bâtiments du CPAS.
  • Assurer une gestion écologique de l’eau dans les bâtiments.
  • Favoriser les achats éco-responsables lors de l’attribution de marchés publics.
  • Réduire l’utilisation du papier dans l’administration.
  • Soutenir la création d’une Eco-team.
  • Permettre à chacun·e de participer à des activités collectives favorisant à la fois la rencontre, l’autonomie et soulageant le budget des ménages. Nous mettrons en place ou soutiendrons des initiatives comme les donneries, gratifiera (foire aux dons), bourses de vêtements, potagers collectifs, épiceries et cantines sociales, plate-forme de mise en commun de bien, etc.

 

Améliorer les conditions de travail du CPAS

  • Veiller à une gestion du personnel dynamique : objectivation des recrutements, formation permanente, évaluation formative, mais aussi là où c’est possible en fonction des moyens disponibles et du cadre légal, passage à 32 heures/semaine et mise en place d’un plan Tandem entre travailleur·se·s jeunes et âgé·e·s.
  • Revaloriser le salaire des travailleur·euse·ssociaux·alesbruxellois·e·s moins bien payés que les travailleur·euse·ssociaux·ales wallons et flamands et porter la revendication au niveau régional.

 

Ergonomie et gestion de la charge de travail

  • Augmenter le nombre de postes de travail, en particulier pour les travailleur·euse·ssociaux·ales.
  • Développer l’ergonomie, en particulier pour le personnel de soins.
  • Développer des indicateurs de la charge de travail et renforcer les équipes en fonction des résultats obtenus.
  • Développer une politique de prévention pour limiter autant que possible l’agressivité.

 

Clarifier et simplifier les consignes et les procédures de travail

  • Généraliser une gestion par projet, axée sur le développement d’objectifs et de résultats.
  • Responsabiliser et autonomiser les cadres et les chef·fe·s de services.

 

Transversalité

  • Restructurer les services du CPAS sur la base d’une logique interdisciplinaire.
  • Renforcer les synergies entre services.

 

Politique de ressources humaines

  • Mettre en valeur les compétences des travailleur·euse·s et leurs résultats.
  • Renforcer la politique d’évaluation.
  • Intensifier et individualiser les trajectoires de formation.

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[1]Chiffres IBSA 2016