Lors du Conseil communal de ce jeudi 13 décembre, j’ai à nouveau interrogé le Collège sur les atermoiements dans la gestion urbanistique du quartier du Midi. La situation des immeubles toujours debout dans la zone circonscrite par les rues Mérode, Claes, Norvège et Suède est en effet calamiteuse et source de nombreux problèmes. Le quartier subit depuis 20 ans les plans d’aménagement régionaux et communaux et les dernières opérations se passent, comme d’habitude, de manière peu humaine et respectueuse pour les riverains. La Commune et la Région n’auront décidément rien réussi à faire correctement dans ce quartier !

Les maisons, qui ont été expropriées par la Région et dont on a chassé les habitants, pourrissent sur pieds depuis des mois : fenêtres cassées, toitures trouées, … le spectacle est désolant. Ces maisons sont aussi squattées, alors qu’elles n’ont plus ni eau, ni chauffage, ni électricité et qu’elles tombent en ruines. Vu la destruction des maisons qui se trouvaient rue de Norvège, l’îlot est ouvert et l’accès à l’intérieur de ces maisons est rendu très facile par l’arrière ; en fait, l’espace est impossible à sécuriser depuis les démolitions partielles.

Effondrements, squats et trafics

Des maisons expropriées pour les laisser pourrir

Des maisons expropriées pour les laisser pourrir

Ces squats posent problème. D’abord pour la sécurité au sein des bâtiments même : il y a pour les occupants des risques d’effondrement partiel, mais aussi d’incendie, des feux étant régulièrement allumés pour se chauffer ou comme éclairage de fortune. Ces maisons semblent par ailleurs être devenues depuis longtemps des lieux de trafics en tout genre, ce qui engendre une insécurité réelle dans le quartier, dont se plaignent régulièrement et légitimement les riverains.

A l’occasion du Conseil communal, j’ai donc demandé au Collège des Bourgmestre et Echevins où en étaient les procédures urbanistiques en cours, des permis étant déposés par des sociétés régionales en vue de détruire les maisons et construire de nouveaux immeubles. Je voulais aussi savoir comment la Commune effectuait le suivi des chantiers. La responsabilité de la Commune est d’autant plus engagée que la situation actuelle est le résultat du plan particulier d’affectation du sol (PPAS) « Fonsny 1 » approuvé par la Commune de Saint-Gilles en 1992 déjà et toujours en vigueur, qui visait à changer profondément le quartier, en rasant le tissu existant (logements, commerces et petites industries pour l’essentiel) au profit de 300.000 m² de bureaux, ainsi qu’au profit d’hôtels et, accessoirement, de logements.

Le juridique avant l’humain

J’ai également posé des questions sur les mesures prises pour améliorer la sécurité. En insistant sur le fait qu’il serait sans doute opportun de faire abattre les maisons encore debout. Non seulement parce qu’elles sont dangereuses, mais qu’il semble en plus impossible de pouvoir en récupérer, ne fût-ce que des parties, en vue de les rénover, vu leur état.

Le Collège a répondu que des chantiers seraient mis en oeuvre dans les prochains mois (même si, pour certaines parcelles, les permis ne sont pas encore déposés). Par contre, il refuse de faire abattre les maisons dangereuses, arguant d’un risque de recours (sans être capable d’identifier de qui il pourrait venir…). La Commune dispose de rapports de police qui indiqueraient que la situation ne serait « pas si grave » vu que dans les maisons « il n’y a pas de familles ni d’enfants ». Le fait que des êtres humains transitent ou vivent dans ces maisons dans des conditions plus qu’indignes ne semble pas les émouvoir outre mesure. Au niveau de la sécurité dans le quartier, la situation serait « sous contrôle »… alors que les témoignages des riverains indiquent tout le contraire : intimidations, agressions, trafics, …

Au final, le groupe Ecolo-Groen a bien dû constater que la Commune préférait se prémunir de tout risque juridique dans ses actions, mais semblait gravement sous estimer les risques humains et sociaux. Nous serons là dans les prochains mois pour les leur rappeler de manière régulière. Et si un accident grave devait survenir, nous ne manquerons pas de les rappeler à leurs responsabilités.

NB : TéléBruxelles a consacré un reportage à la situation à la suite de notre question au Conseil communal. Le visionner via cette page.