Extrait du site de l’asbl de l’Ecole Active
“Prenant conscience du manque criant d’écoles en région bruxelloise, des parents d’enfants ont pris, en mai 2009, une initiative citoyenne en constituant l’ASBL « Les Amis de l’Ecole Active », dont l’objectif est de créer une école secondaire, en septembre 2011, à Forest.
La demande en secondaire d’un projet pédagogique basé sur la pédagogie active existe et est forte alors que l’offre est clairement insuffisante.
L’objectif d’un établissement secondaire laïc est d’encourager les élèves à développer leur esprit critique, l’esprit de tolérance et de les préparer à vivre dans une société pluraliste.
L’apprentissage et la maîtrise des langues doivent être encouragés dans un cadre adapté au sein de l’école.
D’où notre projet de créer dans le sud-ouest de Bruxelles ( Forest – Saint-Gilles – Ixelles – Uccle ) une nouvelle école secondaire fondée sur 4 axes fondamentaux :
- Enseignement laïc et gratuit
- Développement d’une pédagogie active
- Promotion de l’apprentissage des langues
- Mixité culturelle et sociale”
Pour aller plus loin:
> la pétition pour soutenir le projet
Attention, dualisation
Jos Beni , enseignant honoraire, secrétaire politique d’Ecolo Saint-Gilles (2005-2010).
Plusieurs ébauches d’écoles secondaires à pédagogie active, privées, semblent sur le point d’éclore. Faut-il s’en réjouir ? La réponse à cette question n’est pas évidente. Nous souhaiterions que toute école soit active, et que par conséquent il ne devrait pas y avoir de raison de créer des écoles actives privées. Hélas, les nombreuses réformes plus ou moins imposées depuis une dizaine d’années, n’ont en rien – ou si peu – réduit la dualisation des écoles en Communauté française.
La demande de parents d’écoles secondaires actives est donc d’abord une réaction à un constat d’échec absolu dans le chef des autorités publiques dans leur lutte contre la dualisation de l’enseignement et à leur incapacité d’anticiper les nouveaux besoins, notamment en Région bruxelloise.
Cette demande d’écoles secondaires actives émane essentiellement de parents désorientés face au “marché” dualisé de l’enseignement secondaire, notamment à Bruxelles. Ces parents ne se satisfont ni des écoles “élitistes”, ni de la majorité des écoles classiques … surtout dans leur quartier.
Si la démarche est évidemment sympathique, parce qu’émanant de citoyens qui veulent prendre leur sort en main, la réflexion politique doit néanmoins dépasser ce seul sentiment de sympathie et analyser les répercussions au niveau de l’ensemble de l’enseignement dans la Région, et les contradictions sont nombreuses.
La mixité sociale
Elle est explicitement souhaitée dans le cadre du projet. Mais comment garantir sa réalisation ? Le décret inscription peut dans ce cas, au vu de la situation géographique souhaitée de l’école, favoriser la mixité sociale. Mais on sait aussi que certains (dont les parents à l’initiative) ont des stratégies bien plus développées que d’autres pour s’assurer une inscription dans une école déterminée (la preuve dans les écoles communales de Saint-Gilles !). D’autre part, la volonté de créer une école “laïque” et non simplement neutre, au vu de l’importance numérique de la communauté d’origine maghrébine et essentiellement musulmane de Forest et Saint-Gilles, pose certainement question par rapport à la volonté de mixité sociale.
L’école gratuite
Le caractère “gratuit” de l’école, c.-à-d. sans minerval direct ou même déguisé, est également souhaité. Mais les initiateurs sont également conscients qu’une école active telle qu’ils la désirent, nécessite un encadrement plus important qu’une école ordinaire. D’où leur appel au sponsoring. Dans quel cadre, avec quel statut pour les sponsors et quel pouvoir pour les parents sponsors par rapport aux autres ?
Dualisation accrue
Tous ceux qui se préoccupent d’enseignement et d’école sont d’accord pour dire qu’un des facteurs essentiels de la discrimination extrême (dualisation) de notre enseignement résulte du quasi-marché de l’enseignement en Communauté française. Les écoles sont subsidiées au nombre d’élèves … donc chacun essaie de tirer la couverture vers lui, notamment en essayant de cibler un certain public.
Une question essentielle à se poser , en tant que politique, c’est de savoir si les initiatives d’écoles actives vont donc favoriser ou combattre la dualisation. Ne va-t-on pas favoriser une couche de la population au moins culturellement favorisée aux dépens de la lutte contre la dualisation, favoriser la liberté de choix (c.-à-d. les intérêts privés des uns) aux dépens de l’égalité (c.-à-d. les intérêts communs). Notre objectif devrait être d’amener toutes les écoles à être des écoles à pédagogie active. C’est la perte de foi dans cette volonté qui nous amène tout simplement à construire des îlots procurant des réponses individuelles à un sous-groupe privilégié de la population.
Pour approfondir la question, cf. mon article rédigé pour la Revue Politique n° 72 de nov. 2011, dans le cadre de son dossier Ecole, tout repenser – on peut commander ce n° sur le site http://politique.eu.org ainsi que la conclusion de l’article”Pédagogie Institutionnelle et Pédagogie Nomade”, publié par la CGé http://www.changement-egalite.be/spip.php?article2232