A Saint-Gilles, des maisons sont achetées et vidées de leurs habitants pour y créer des hôtels cachés sous le vocable de « Bed & Breakfast » ou « chambre d’hôtes ». D’autres maisons sont actuellement en passe de subir le même genre d’opération et le même phénomène existe déjà sur le territoire de la ville de Bruxelles, notamment au Boulevard du Midi.

Si de l’extérieur rien ne permet de voir que les maisons sont en fait des «hôtels», une rapide consultation des sites spécialisés de réservations d’hôtels ne laissent planer aucun doute : il s’agit bien d’une offre hôtelière sous l’appellation «B&B». Malheureusement, il ne s’agit nullement de réelles «chambres d’hôtes», mais d’une offre hôtelière bas-de-gamme qui échappe à tout cadre juridique, ne répond pas aux prescriptions urbanistiques et ne fait l’objet d’aucun agrément.

Ces hôtels pirates ne peuvent pas être qualifiés de «chambres d’hôtes» comme défini par la Cocof, vu qu’ils disposent de plus de trois chambres et n’offrent ni petit déjeuner, ni logement chez l’habitant (la maison n’étant plus habitée). Les commentaires laissés par les utilisateurs de ces « B&B » sur les sites de réservation par internet sont par ailleurs édifiants concernant la qualité ou plutôt l’absence totale de qualité du service offert.

(lien vers les pages concernées sur Tripadvisor et sur Booking).

(Vraiment) très rentable

Ce commerce est extrêmement lucratif. Les deux maisons mitoyennes rue de Hollande rapportent ainsi plus de 20.000 euros bruts par mois, si on se réfère aux tarifs des chambres indiqués sur les sites de réservation.

Il y a donc un véritable risque de contagion de ces hôtels pirates si les pouvoirs publics, dont les communes, n’agissent pas rapidement et de manière concertée.

Par ailleurs, ce type de pratique constitue une concurrence déloyale par rapport au secteur hôtelier, nuit à l’image des véritables « chambres d’hôtes » et, surtout, constitue une menace pour le logement résidentiel dans des zones où ce dernier est déjà souvent sous forte pression.

Il semble également évident que les immeubles abritant ces hôtels ne sont pas conformes à la législation urbanistique, ne fût-ce qu’au niveau de l’affectation (établissement hôtelier et non logement). Il est vraisemblable que d’autres infractions soient commises telles que l’absence d’autorisation d’exploitation d’activité hôtelière, le non-respect des normes de sécurité et normes sociales.

La Commune démunie ?

J’ai interpellé le Collège des Bourgmestre et Echevin de Saint-Gilles, lors du Conseil communal du jeudi 31 mai dernier, concernant les mesures prises par la commune.

Des descentes sur les lieux ont été effectuées avec divers services (inspection sociale, police, urbanisme…), de nombreuses infractions ont effectivement été constatées et des dossiers ouverts au parquet, mais la commune ne dispose pas des instruments juridiques lui permettant de prononcer une fermeture immédiate. Le juteux commerce se poursuit donc… Plus bizarre encore : la commune compte bien taxer des “hôtels pirates” comme de vrais hôtels !

J’ai en outre déposé, au niveau du Parlement bruxellois, une interpellation au Ministre Kir concernant l’adéquation des normes urbanistiques actuelles par rapport à ce nouveau phénomène.

Ahmed Mouhssin, député bruxellois, a par ailleurs interpellé ce 1er juin le Ministre du Tourisme, Christos Doulkeridis, lors de la séance plénière du Parlement francophone bruxellois, l’interrogeant sur la définition des « vraies » chambres d’hôtes et la défense du secteur hôtelier.

Dans la presse :